Combattre la dépression partie 10 : Vaincre l'anxiété



    La dépression peut parfois trouver son origine dans l'anxiété, l'inquiétude par rapport à l'avenir,...
Ce qui peut nous angoisser c'est de ne pas pouvoir exercer le contrôle que nous voudrions sur notre vie et notre avenir. Le sentiment d'impuissance peut être insupportable.
    Les personnes les plus sensibles à cela sont celles qui sont perfectionnistes, très exigeantes avec elles-mêmes.

« Les perfectionnistes, qui sont généralement ceux dont les attentes sont les plus élevées, peuvent vivre dans un état de découragement permanent. Je n'ai jamais rencontré de perfectionniste heureux » (1)

    Malheureusement, lorsque nous sombrons dans la dépression, nous perdons encore davantage le contrôle sur notre vie. Notre corps nous échappe, nous ne maîtrisons plus nos émotions,... (cf : partie 5)
    Et cela peut aggraver nos inquiétudes au point de nous pousser à chercher des solutions pour reprendre le contrôle. Nous pouvons développer des comportements néfastes pour nous et notre entourage : tyranniser nos proches, soumettre notre corps à des traitements extrêmes (privations de nourriture ou de sommeil, sport ou travail intensifs, automutilations,...), organiser des routines rigides pour maîtriser parfaitement notre emploi du temps,...
    Cela calme provisoirement nos angoisses en nous procurant un certain sentiment de maîtrise et de puissance. Mais à terme, ces comportements aggravent la dépression, dégradent notre image de nous-mêmes et finalement augmentent notre anxiété, ce qui nous pousse à renforcer nos comportements destructeurs. C'est un cercle vicieux.
    Nous voilà prisonnières de nous-mêmes. Nous sommes nos propres tortionnaires et ces pratiques finissent de nous convaincre que nous sommes des monstres de cruauté et que nous ne sommes pas dignes de vivre. Ou bien que Dieu ne peut pas nous aimer tellement nous sommes mauvaises.
    C'est bien triste à dire, mais j'ai eu une amie dépressive qui, à cause de cela, a justifié son suicide dans une lettre expliquant qu'elle était un monstre et ne méritait pas de vivre.

    Dans ces circonstances, abandonner le contrôle total de notre vie entre les mains de Dieu peut nous paraître au-dessus de nos forces.
    Pour pouvoir lutter contre l'anxiété, il va falloir préalablement nous battre contre le perfectionnisme.

    Nous ne sommes pas toutes exigeantes dans les mêmes domaines. Il y en a un dans lequel j'ai dû apprendre à lâcher-prise : l'éducation des enfants.
    Travailler avec de petits humains présente quelques difficultés : ils ne réagissent pas toujours comme nous voudrions qu'ils réagissent et ils ont l'art de provoquer des imprévus dans chacune de nos journées. Par ailleurs, l'éducation n'est pas une science exacte et nous ne savons jamais avant très longtemps si nous avons pris les bonnes décisions. Avec un enfant, à la rigueur, j'avais l'impression de parvenir à atteindre les exigences de maman parfaite que je m'étais fixées, mais dès l'arrivée du deuxième, le découragement et l'inquiétude ont été mon pain quotidien pendant des mois parce que même en faisant de mon mieux et même encore mieux, je n'étais plus à la hauteur. Je m'obstinais, je m'épuisais, en vain. J'avais perdu le contrôle de la situation. Chute libre de mon image de moi-même, sentiment d'échec (eh oui, les mécanismes sont les mêmes en dehors des épisodes de dépression). Et voilà la peur qui s'installe, qui me ronge, m'empêchant de profiter des bons moments et déclenchant une avalanche de mensonges auto-suggérés : "Mes enfants vont être mal-élevés, ils vont mal tourner, leur avenir est fichu d'avance, ma vie est gâchée, je ne sers à rien  !"

    Cette peur empoisonnante et destructrice ne peut être vaincue que lorsque nous acceptons d'abandonner nos exigences de perfection.

    Je ne dis pas qu'il est mauvais de vouloir bien faire les choses, de produire un travail de qualité, de faire toujours de notre mieux. Au contraire, être consciencieuses est une très bonne chose. Mais il est des situations dans la vie où le mieux est l'ennemi du bien, où nous nous privons de grands moments de joie parce que nous sommes mécontentes de nous et insatisfaites tout en sachant que nous avons fait de notre mieux.

    Il m'a fallu 4 mois pour accepter de me rendre en ce qui concerne l'éducation de mes enfants. Mais je peux vous assurer que le jour où j'ai choisi de ne plus porter cette responsabilité d'éducation comme un fardeau accablant, d'accepter le risque d'échec et de faire confiance à Dieu pour tout ce qui dépasse le mieux que je puisse faire, cela a été une réelle libération qui a changé mon quotidien.

    Renoncer à nos exigences est difficile. Accepter la faiblesse, l'échec, consentir à ce que notre vie ne soit pas du tout ce que nous voudrions en faire, choisir le risque, la confiance en Dieu, le lâcher-prise, tout cela est terrifiant et peut nous paraître un pas de foi trop grand pour nous. Mais si le Seigneur nous le demande, il sait que par Sa grâce, nous pouvons le faire.
Déposer enfin les armes, choisir de dire « que ma volonté ne se fasse pas mais la tienne » (Luc 22.42) apporte la paix et la force de surmonter la peur.

« Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus Christ. » Philippiens 4.7
« J'écouterai ce que dit Dieu, l'Éternel ; Car il parle de paix à son peuple et à ses fidèles, Pourvu qu'ils ne retombent pas dans la folie. » Psaume 85.8

(1) Solutions pratiques au découragement, au rejet et à la déprimeH. Norman Wright, P.9

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Qu'en humble enfant je te confie
Mon avenir et mon bonheur!
Que sur ta main, ma main s'appuie
Pour être fort dans la douleur!

Transforme en force ma faiblesse ;
Que je te donne tout mon cœur ;
Et que du péché qui me presse
Par ta grâce je sois vainqueur !

Extrait du chant Mon Dieu, que jamais je n'envie
Sir Herbert Oakely
Recueil Sur les ailes de la foi n°327

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