Prendre du temps pour soi ou renoncer à soi ?

    "Il faut prendre du temps pour soi".
    C'est un slogan très à la mode dans notre société où la dépression est un mal de plus en plus répandu. Il y a quelques jours encore, j'entendais une émission à la radio sur le burn out, dans laquelle on mettait en avant l'importance de prendre du temps pour soi, pour se détendre, être moins stressé, bien dans sa peau,...

    Cela est valable aussi pour les mamans, car la vie avec de jeunes enfants n'est pas de tout repos ! On lit donc aussi ce slogan dans la quasi-totalité des livres chrétiens sur le sujet qui montrent que l'on prendra bien mieux soin de notre famille si on est reposées et si l'on a eu suffisamment de temps pour prendre soin de soi.

    Loin de moi l'idée de dire qu'il est mal de prendre un temps de repos. Le repos est tout à fait biblique et Dieu lui-même a instauré un jour de repos sur sept (malheureusement, ce n'est pas toujours évident pour une maman de se reposer le dimanche, mais c'est un autre sujet). D'ailleurs, je ne pense pas que ce soit une bonne chose de négliger son temps de sommeil, les temps de détente en famille, ou même des activités que nous pourrions avoir envie d'entreprendre pour faire du bien autour de nous,...

    Mais je voudrais quand même prendre le contre-pied de ce slogan. Prendre quoi que ce soit pour soi (du temps ou autre chose) est-il biblique ? Jésus-Christ a-t-il pris quoi que ce soit pour lui-même ? A-t-il pris du temps pour lui ? Il est vrai qu'il prenait du temps pour prier. Mais là, je dirais que ce n'est pas prendre du temps pour soi, mais pour Dieu.
Chacun de ses temps de repos était bien utilisé. Même lorsqu'il s'est reposé au bord d'un puits, cela a été l'occasion d'une conversation qui a changé la vie d'une Samaritaine et de tout son village.
Jésus-Christ est l'exemple même du don de soi. Il n'a rien pris pour lui, au contraire, il a renoncé à lui-même. Il a TOUT donné même jusqu'à sa vie, pour ceux qu'il aimait.

    Pour nous, chrétiennes, Jésus-Christ est notre modèle. Ne devons-nous pas chercher aussi à TOUT donner pour ceux que nous aimons ?

    On peut croire que c'est impossible. Que si nous renonçons totalement à nous-mêmes tout le temps, nous serons malheureuses, nous allons déprimer, craquer.
Il est vrai que nous sommes bien faibles, face à l'exemple que Jésus nous a laissé ! Mais lui ressembler, c'est ce vers quoi nous devons tendre.

    Je constate bien souvent dans ma propre vie que lorsque je cherche à prendre du temps pour moi, je suis débordée et mon travail est moins bien fait. De plus, si je n'arrive pas à en prendre, je suis frustrée, cela me met de mauvaise humeur et j'ai du mal à accomplir mes tâches avec joie. Par ailleurs, quand j'arrive à avoir un peu de temps pour faire ce que j'ai envie, je suis parfois frustrée quand même, parce que j'aimerais en avoir davantage. Chercher à prendre pour moi me rend insatisfaite.
    En revanche, lorsque je renonce à moi-même, que je cherche à faire d'abord toutes les tâches que je suis sûre que Dieu veut que j'accomplisse et que je ne me repose que lorsqu'elles sont accomplies, je suis joyeuse et je n'éprouve pas de frustration, même quand je vais me coucher sans avoir eu une seule minute à moi dans la journée. (Je n'ai pas dit que j'accomplissais toutes les tâches qui me semblent indispensables pour être une mère parfaite. Là, encore, il y a une réflexion à mener sur ce que Dieu attend réellement de moi).

    Comprenez-moi bien : je ne suis pas en train de dire que se reposer dans la journée est quelque chose de mal. Je dis simplement que notre mentalité doit être influencée par l'exemple que Jésus-Christ nous a laissé pour que nous ayons à cœur en permanence de donner de nous-même et non de prendre pour nous-mêmes.

    La Bible nous dit, contrairement à ce qu'on lit partout, que la joie ne vient pas lorsque l'on prend pour soi mais lorsque l'on accepte de plein grès de renoncer à soi-même.
"Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir." Actes 20.65

    Pour commenter un article sur le blog notreeglise.com, Delkap, une maman de 5 enfants a écrit ceci : "j'apprends instant après instant, à renoncer à moi-même. Et je ne le fais pas toujours dans la joie. La plupart du temps, je rue dans les brancards, sachant pourtant bien que c'est plus douloureux que de le laisser poser sur mes épaules, son joug léger, et son fardeau léger. J'y ajoute le poids du mécontentement et de la frustration bien trop souvent".

    Pour nous chrétiennes, le renoncement à soi-même est le joug que Dieu place sur nous pour que nous puissions faire les "bonnes œuvres qu'il a prévues d'avance afin que nous les pratiquions" (Ephésiens 2.10). Et comme le dit cette maman, ce joug est léger si nous ne lui ajoutons pas le mécontentement et la frustration.

    La vie chrétienne est une école de renoncement. La maternité est aussi une école de renoncement. Subir ce renoncement rend insatisfait et malheureux. Mais l'accepter rend heureux.
"Alors Jésus dit à ses disciples: Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive." Matthieu 16.24

    La joie est l'un des fruits de l'Esprit (Galates5.22). Cela signifie que le Saint-Esprit produira en nous cette joie si nous cherchons de tout notre cœur et au quotidien à consacrer notre vie à Dieu.

Bon courage à chacune dans ce combat de consécration !



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