Être chrétienne et materner


Je me suis longtemps demandée s'il est possible d'être chrétienne et favorable aux principes du maternage proximal, de l'accouchement naturel,... (pour plus d'informations sur le maternage proximal, je vous invite à lire mes précédents articles sur ce sujet)
En effet, ce retour vers les choses naturelles me semble plutôt mal vu dans les milieux chrétiens (en France) pour les raisons suivantes:




* La plupart des personnes qui prônent ces valeurs les associent à d'autres valeurs en opposition avec celles de la Bible :
- Par exemple, lorsque je cherche des livres sur ces sujets, les personnes qui écrivent ces livres ont souvent des philosophies nouvel âge avec une sorte d'adoration de Mère-Nature.
- La plupart des techniques de gestion de la douleur, en matière d'accouchement naturel sont basées sur des choses comme la sophrologie, le yoga, l'hypnose, l'acupuncture, ou des dérivés de ces choses-là.
 - Beaucoup de femmes qui défendent l'accouchement à la maison se réclament du courant féministe et disent : "je fais ce que je veux de mon corps, je fais un bébé si je veux, quand je veux, avec qui je veux, et où je veux." Elles font du lieu d'accouchement un droit à défendre au même titre que l'émancipation féminine des ces dernières décennies.
- Beaucoup de partisanes du maternage proximal défendent aussi l'éducation non violente, dont certains principes sont en opposition avec les enseignements bibliques (pour plus d'informations, voir mes articles sur l'éducation non violente).

Les chrétiens ont très à cœur de donner une bonne éducation à leurs enfants :
Il n'est pas question d'avoir des enfants capricieux qui font la loi à la maison. Pour cette raison, le maternage proximal fait peur car on fait souvent une confusion entre répondre à l'enfant, et tout accorder à l'enfant. Le maternage est basée sur le fait de répondre à l'enfant, mais on croit souvent que répondre signifie céder à des caprices.

* Beaucoup de versets bibliques nous mettent en gardent contre les nouvelles philosophies qui pourraient nous éloigner du message de l’Évangile. On peut croire que les méthodes naturelles d'accouchement et de maternage sont de nouvelles philosophies car au cours du XXe siècle, et surtout durant les 2 dernières générations, elles ont été très peu connues. En réalité, cela ne constitue absolument pas une nouvelle philosophie mais seulement un retour à qui se pratiquait avant le XXe siècle au cours duquel les mamans ont profité des progrès fantastiques de la médecine et de la technologie, mais ont aussi été très influencées par le féminisme radical d'après guerre.


Je voudrais montrer en quoi le mouvement féministe a changé radicalement notre manière de concevoir la maternité et la vie de la femme plus généralement.
Le mouvement féministe a déclaré que le corps de le femme est sa propriété, ce qui a aboutit au développement des différentes méthodes de contraception, à la légalisation de l'avortement, et, par conséquent au développement de l'immoralité sexuelle (une grossesse n'était plus à craindre en cas d'aventure extra-conjugale). Grâce à l'évolution de la médecine, cela a aussi abouti à la surmédicalisation (droit d'accoucher sans douleur, droit de choisir le jour de son accouchement,...)
Le mouvement féministe a revendiqué pour la femme, le droit d'être comme l'homme. La femme a donc pu aller travailler et gagner son indépendance, ce qui lui a permis de divorcer plus facilement, d'accéder à des responsabilités,... mais il y avait un frein à tout cela : les enfants. Pour permettre à la femme d'aller travailler et d'être plus indépendante, il fallait la libérer de ses tâches domestiques, et par conséquent, la séparer de ses enfants. C'est là qu'est né ce qu'on appelle maintenant le maternage distal.
L'avancée de la technologie a servi la cause féministe en simplifiant le travail domestique des femmes (invention d'appareils ménagers comme la machine à laver, le lave-vaisselle,... invention de la couche jetable,...), mais aussi en créant des objets qui pourraient remplacer la présence de la mère auprès de l'enfant : biberons et tétines pour libérer la femme de l'allaitement (il était important que l'enfant fasse ses nuits très vite pour que la maman soit en forme pour aller travailler. Et cela permettait à quelqu'un d'autre de nourrir l'enfant, et même au papa de se lever la nuit à la place de la maman), balancelles, berceaux qui se balancent tout seuls, mobiles musicaux,... pour permettre à l'enfant de s'endormir seul,... et tout un tas d'autres accessoires de puériculture destinés à ce que l'enfant puisse s'occuper seul (trotteurs, parcs,...) ou que quelqu'un d'autre puisse s'occuper de lui. Les différents modes de garde se sont développés en parallèle pour la même raison.
Tout cela était centré sur la femme et n'apportait aucun avantage au bébé qui était privé de sa mère. Mais pour déculpabiliser les mères, on a voulu le faire croire. Pendant un temps, on a essayé de montrer par exemple que le lait maternisé était plus approprié pour l'enfant que le lait maternel. Et aujourd'hui encore, pour justifier cette séparation de plus en plus précoce de l'enfant de sa mère, on parle d'apprentissage de l'autonomie et de l'indépendance, et surtout, de socialisation (au contact d'autres enfants dans les crèches). Cela devient tellement normal, que l'on en arrive à penser que les mères qui gardent leurs enfants près d'elles les empêchent de se socialiser. On dit aussi aujourd'hui aux mères qui retournent travailler, que ce qui compte, ce n'est pas le temps passé avec leur enfant, mais la qualité de ces moments. J'ai entendu certaines mamans dire que lorsqu'elles rentrent du travail, leur enfant leur manque et qu'elles sont tellement contentes de le retrouver que ces moments sont fantastiques. Mais que si elles passaient toute leur journée avec lui, la qualité des moments passés ensemble seraient moindre, parce que ce ne serait pas facile de le supporter tout le temps,... Que de mensonges destinés à déculpabiliser les mères !
On veut faire croire aujourd'hui, qu'il est tout à fait possible de mener de front vie professionnelle et vie de famille et que les enfants sont aussi heureux (sinon plus) sans leur mère.
Voilà pourquoi le maternage proximal connaît si peu de succès dans la société. Parce que pour materner, il faut être présente. Et les femmes d'aujourd'hui ne sont plus prêtes à renoncer à leur indépendance. Ou en tout cas, le monde d'aujourd'hui n'est pas prêt à laisser les femmes retourner dans leur foyer.
(Voir par exemple cet article du magazine Parents qui insinue (entres autres choses) que les "hyper-mères" (comme il les appelle) font ce choix pour "échapper au monde du travail").


Par ailleurs, il me semble que chercher à faire les choses de la façon la plus naturelle possible n'est pas en opposition avec les principes bibliques, bien au contraire.
C'est reconnaître que Dieu fait tout à merveille et que bien souvent, l'intervention humaine est loin d'égaler la perfection de la nature que Dieu a faite. Évidemment, la médecine sauve des vies et ce serait dommage de s'en priver lorsque c'est nécessaire.
Il faut aussi préciser que revenir aux choses naturelles coûte beaucoup moins cher au foyer (exemple allaitement vs biberon) et je crois qu'être économe plaît à Dieu car c'est utiliser sagement les ressources qu'il nous donne.
Revenir aux choses naturelles a aussi un impact positif sur la santé de l'enfant et de la mère (dans la cas de l'accouchement, mais aussi de l'allaitement, des matières que l'on met au contact de la peau du bébé,...). Et prendre soin de sa santé et de celle de son enfant est une responsabilité que nous avons devant Dieu.
Par ailleurs, les biberons et autres objets contiennent des substances dont on n'est pas toujours sûrs de l'innocuité.
Enfin, revenir aux choses naturelles a un impact positif sur l'environnement. Produire tous ces objets de puériculture est polluant. On peut aussi citer les quantités énormes de déchets liés aux couches jetables, lingettes,... Et nous avons une responsabilité devant Dieu qui nous a confié la Terre pour que nous l'administrions correctement. Je crois que chaque maman, par ses choix de produits de puériculture (et selon ses conditions de vie, son budget,...), aura des comptes à rendre à Dieu pour son administration de la planète.

Pour toutes ces raisons, je crois que loin d'être une nouvelle philosophie, le choix du naturel pour tout ce qui touche aux enfants (et pour tous les domaines de notre vie), est en adéquation avec les principes bibliques, et que cela procède d'une prise de conscience des dérives qui se sont installées au XXe siècles (et qui malheureusement, s'accentuent aujourd'hui).

Et il y aurait tellement à dire sur l'accouchement et le maternage dans la Bible !
Pour celles qui souhaitent creuser ce que dit la Bible sur le maternage, je vous renvoie vers le blog de heureusemaman qui a fait un très bon article sur ce sujet "le maternage dans la Bible".

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