Les alternatives à l'accouchement médicalisé


Voici un petit point sur les différents choix qui s'offrent à nous en matière d'accouchement.


- l'accouchement médicalisé : c'est le plus répandu en France (dans les pays d'Europe du Sud, au Japon, en Australie et en Amérique du Nord, mais pas dans le reste du monde.
On cite souvent en exemple les pays d'Europe du Nord qui ont plusieurs alternatives). Bien souvent, chez nous, c'est la seule option connue des femmes enceintes. C'est aussi celui qui est présenté par les média et par beaucoup de médecins comme le "plus sûr" pour la santé de la mère et du bébé, mais cette idée est en train d'évoluer. Cet accouchement a lieu à l'hôpital ou en clinique. Chaque hôpital et chaque clinique suit son protocole bien à lui et l'applique à toutes les femmes qui accouchent. Ce protocole varie d'une structure à l'autre mais les femmes sont rarement informées des différences. C'est le choix obligatoire de toutes les femmes qui présentent des risques particuliers pendant leur grossesse (ou qui ont vécu de précédents accouchements avec des complications).



- l'accouchement "sur mesure" : De plus en plus d'hôpitaux et de cliniques assouplissent leur protocole car de nombreuses études montrent que dans le cas d'un accouchement physiologique, l'hyper-médicalisation fait souvent plus de dégâts qu'elle n'en évite (pour plus de renseignements à ce sujet, consultez les recommandations de l'OMS pour l'accouchement normal en cliquant ici ). Ils deviennent de plus en plus ouverts à la présentation par les familles d'un projet de naissance (ou plan de naissance). Un projet de naissance permet à la famille de mener une réflexion sur les actes (médicaux ou non) qu'elle souhaite ou ne souhaite pas pendant l'accouchement et d'en discuter avec l'équipe médicale pour savoir ce qui est possible, en fonction du protocole de l'hôpital ou de la clinique. Pour plus d'informations sur le projet de naissance, les incontournables sont le livre "Votre projet de naissance" de  Catherine Piraud-Rouet et le blog  projet de naissance de Sophie Gamelin-Lavois. Une maman intéressée par un accouchement "sur mesure" ne doit pas hésiter, avant de s'inscrire quelque part, à appeler les maternités proches de chez elle et à poser toutes les questions qui lui tiennent à cœur (concernant le protocole de la structure, l'ouverture ou non à un projet de naissance,...). Il est tout à fait possible de faire un projet de naissance en cas de déclenchement ou de césarienne programmée, et chaque femme peut prévoir dans son projet de naissance une réflexion sur ce qu'elle souhaite en cas de césarienne d'urgence.



- l'accompagnement sur plateau technique : Parmi les choses que beaucoup de mamans n'apprécient pas, dans les protocoles hospitaliers, il y a le fait d'être examinées par tout un tas de personnes différentes. Les équipes de garde se succèdent, et plus l'accouchement est long, plus la maman voit passer de monde. Certains hôpitaux et certaines cliniques signent des conventions avec des sages-femmes libérales pour leur donner accès à leur plateau technique. Ainsi, une maman peut-être suivie pendant toute sa grossesse par une sage-femme libérale, puis, au moment de l'accouchement, la sage-femme accompagne la maman à la maternité et procède elle-même à l'accouchement. Celui-ci se déroule selon ce qui aura été convenu entre la maman et la sage-femme car celle-ci n'est pas tenue de respecter en tous points le protocole de la structure. 2 heures après l'accouchement, la sage-femme raccompagne la maman chez elle et vient la voir dans les jours qui suivent. La maman n'a ainsi affaire qu'à une seule personne en qui elle a toute confiance, et en cas de problème, elle est sur place pour être prise en charge par l'équipe médicale. Les sages-femmes qui ont une ouverture sur plateau technique sont encore peu nombreuses, vous en trouverez la liste sur l'annuaire de l'ANSFL (ou en cliquant ici). Cette liste n'est peut-être pas exhaustive, il peut être bon de consulter les forums sur le sujet, le bouche à oreille marche très bien.



- la "maison de naissance" : Je mets des guillemets pour pour ne pas recevoir les foudres des puristes qui me diront que les vraies maisons de naissance n'existent pas en France étant donné que les quelques structures auxquelles on a donné ce nom-là sont toutes dans une maternité (ou attenantes), contrairement aux maisons de naissance telles qu'elles existent ailleurs en Europe (par exemple aux Pays-Bas). Ce qui existe en France (elles sont encore très peu nombreuses, mais tendent à se développer), ce sont des structures non médicalisées où l'on peut venir accoucher comme si l'on était chez soi. Leur proximité de la maternité permet un transfert en moins de 5 min en cas d'urgence (il suffit souvent de passer une porte ou de prendre un ascenseur). Une maman intéressée pour accoucher dans une "maison de naissance" doit penser à s'y prendre très tôt car ces structures sont très demandées et sont obligées de refuser beaucoup de femmes. Seules les femmes ne présentant pas de risque particulier pendant la grossesse pourront avoir accès aux "maisons de naissance".



- l'accouchement à domicile : Il est très peu développé en France car considéré à tort comme plus dangereux qu'un accouchement médicalisé. En revanche, il se pratique beaucoup plus dans certains pays du Nord de l'Europe (on cite souvent l'exemple des Pays-Bas où environ 1 femme sur 3 accouche chez elle). En France, l'accouchement à domicile renvoie à des images du passé. On nous parle des femmes qui mouraient en couche, des conditions d'hygiène déplorables, des bébés qui mouraient peu après la naissance,... Je pense que cette image est très fortement exagérée. Quoi qu'il en soit, les conditions d'hygiène ont évolué, la sage-femme présente possède tout le matériel d'urgence pour pallier à un éventuel problème et seules les femmes ne présentant aucune risque particulier pendant leur grossesse pourront accoucher chez elles. De nombreuses études montrent qu'en cas de grossesse normale, l'accouchement à la maison ne présente pas plus de risques que l'accouchement médicalisé (il y a des risques, il y en a aussi à l'hôpital. Ce ne sont pas les mêmes, et il faut bien les connaître pour faire ce choix. Mais il n'y a pas plus de risques qu'à l'hôpital). Dans le cas où un problème nécessiterait un transfert à la maternité, celui-ci a le temps de se faire. On entend très souvent des femmes dire "heureusement que j'ai été à l'hôpital, parce que si j'avais accouché chez moi, je serais morte".  Ce qu'on ne dit pas aux femmes qui accouchent, c'est que la quasi-totalité des problèmes qui surviennent à l'hôpital et qui nécessitent une prise en charge d'urgence (dans le cas de femmes qui ne présentaient pas de risques particuliers) sont dus à la médicalisation. Pour en savoir plus sur l'accouchement à domicile, il y a par exemple le livre de Nathalie Jouat "Et si j'accouchais à la maison ?" ou de nombreux sites internet bien renseignés (par exemple, voici la page Wikipédia en cliquant ici). Pour contacter une sage-femme qui pratique l'accouchement à domicile, il y a l'annuaire de l'ANSFL (en cliquant ici). Ces sages-femmes sont très peu nombreuses (il faut donc y penser tôt) car la mentalité française est très hostile à leur pratique, qu'elles sont confrontées à des problèmes d'assurance, et que cela nécessite d'énormes disponibilités de jour, comme de nuit.



- l'accouchement non assisté : Cela consiste à accoucher sans aucune personne ayant des connaissances médicales. C'est extrêmement rare en France et des études montrent que ce type d'accouchement multiplie par 100 les risques de mort périnatale (pour la mère et l'enfant). La demande pour un accouchement moins médicalisé est grandissante en France ("maison de naissance", accouchement à domicile,...) mais beaucoup de femmes doivent y renoncer faute de lieu près de chez elles ou de sage-femme pratiquant ce type d'accouchement. Les pouvoir publics craignent que de nombreuses femmes qui sont absolument opposées à l'accouchement médicalisé se tournent vers l'accouchement non assisté, à cause du manque de lieu ou de sages-femmes. C'est la raison pour laquelle, depuis l'année dernière, un projet de loi tend à développer les "maisons de naissance". C'est à la fois une bonne nouvelle pour toutes les femmes qui pourront bénéficier d'un accouchement moins médicalisé, mais aussi un risque de voir disparaître l'accouchement à domicile. Pour en savoir plus sur l'accouchement non assisté, il y a le livre "Accoucher par soi-même" de Laura Kaplan Shanley (mais personnellement, j'ai vraiment détesté ce livre).



Quel que soit le type d'accouchement choisi (et même pour les accouchements à risques), il est possible de faire appel à une doula. Il s'agit d'une personne sans formation médicale (mais avec une formation d'accompagnante à la naissance) dont le rôle et d'être présente tout au long de l'accouchement pour soutenir la maman et la rassurer (plus d'informations sur le site Doulas de France ou en cliquant ici).

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