Allaiter pendant la grossesse: mon témoignage personnel

Nous voilà partis pour l'aventure bébé 2 !


A 3 mois et demi de grossesse, voici un point sur l'allaitement pendant cette période tellement spéciale.



Si vous avez lu mes autres articles sur l'allaitement, vous savez que je vois l'allaitement comme un projet à long terme.
Je me suis donc renseignée au maximum, bien avant de devenir enceinte, sur tous les chamboulements qu'apporterait cette nouvelle grossesse dans mon allaitement.
J'ai contacté une conseillère de Solirarilait et 2 conseillères de la Leche League.

Voici les différents points dont elles m'ont informée (où que j'ai découverts au fil de mes lectures):
- allaiter pendant la grossesse est tout à fait possible
- contrairement aux idées reçues, allaiter pendant la grossesse n'augmente pas le risque de fausse couche (en effet, on croit souvent que l'ocytocine, cette hormone qui provoque l'éjection du lait ainsi que les contractions de l'utérus est source de fausses couches. Mais des études montrent que l'utérus d'une femme enceinte ne deviendrait sensible à l'ocytocine qu'au 8e mois de grossesse).
- le bébé allaité ne prend pas les nutriments du bébé en développement (le corps de la maman assimile encore mieux les nutriments de l'alimentation pour répondre au double besoin. Qu'est-ce que le Seigneur a bien fait les choses ! Qu'est-ce que nous sommes des créatures merveilleuses !)
- une maman qui allaite pendant sa grossesse ne développe pas plus de carences qu'une autre (pour la raison citée au-dessus).
- au début du 4e mois, la quantité de lait peut diminuer, et parfois le lait peut se tarir complètement car le colostrum fait son apparition en prévision du nouvel allaitement.
- l'enfant déjà né peut tout à fait boire le colostrum s'il aime ça.
- 70% des enfants n'aiment pas le goût du colostrum et se sèvrent naturellement pendant la grossesse.
- il est tout à fait possible d'arrêter l'allaitement pendant la grossesse et de reprendre un double allaitement au moment de la naissance. Certaines mamans disent que de proposer à nouveau le sein au plus grand a empêché la jalousie des premiers jours, lorsque le grand voit le nouveau-né lui "piquer sa place" au sein.
- Lorsque le lait cède la place au colostrum, l'enfant doit tirer plus fort, ce qui peut être un peu douloureux.
Voici maintenant les difficultés auxquelles j'ai été confrontée durant ces premiers mois d'allaitement pendant la grossesse:
Vers 4 semaines de grossesse, j'ai subitement eu une hypersensibilité de la poitrine qui rendait les tétées très très désagréables. Je ne m'y attendais pas du tout car je pensais que jusqu'à 3 mois, tant que le lait était là, il n'y aurait pas de problème. Toutes les informations que j'avais eues sur l'allaitement pendant la grossesse ne m'avaient pas préparées à cela. Les tétées n'étaient pas douloureuses, mais extrêmement désagréables, au point que je commençais à avoir des sentiments de rejets envers mon enfant quand il tétait. A ce moment-là, je donnais 3 tétées par jour. Je me forçais car je savais que c'était bon pour lui, qu'il en avait encore besoin, et qu'un sevrage brutal n'est bon ni pour la maman, ni pour le bébé, mais je redoutais le moment des tétées. En général, je tenais 10 min, puis j'interrompais la tétée. Mon fils ne comprenait pas et se mettait à pleurer. Par la suite, il craignait tellement le moment où j'allais interrompre la tétée qu'il s'accrochait au sein de toutes ses forces. Je faisais des efforts pour faire durer la tétée plus longtemps. Il m'est arrivé de tenir bon jusqu'à 25 min. Mais même là, il ne voulait plus me lâcher. et ça se terminait par une crise.
J'en ai touché 2 mots à la sage-femme qui a commencé à suivre ma grossesse. Elle m'a dit que si j'étais contrainte d'arrêter mon allaitement, petit à petit, je trouverais d'autres moyens de communiquer de la tendresse à mon enfant.
Il me demandait énormément de câlins toute la journée. Je faisais tout pour être tendre avec lui en dehors des tétées, mais j'avais l'impression que ça ne lui suffisait pas. Son attitude changeait aussi. J'avais l'impression qu'il devenait subitement un enfant difficile. Il faisait des colères à tout bout de champ, toute la journée, et je culpabilisais car j'avais l'impression que ces difficultés d'allaitement en étaient la cause. Par ailleurs, cette situation me faisait souffrir car mon allaitement tournait à la catastrophe, ce n'était pas du tout ainsi que j'avais imaginé le sevrage de mon enfant.
J'ai pu contacter une autre animatrice de la Leche League qui avait vécu la même situation que moi. Elle m'a raconté à quel point les tétées étaient devenues désagréables, les sentiments négatifs que cela provoquait chez elle, les crises de sa fille,... Pour la première fois depuis plus d'un mois que cela durait, j'avais trouvé quelqu'un qui comprenait exactement ce que je ressentais. Rien que le fait de savoir qu'on n'est pas la seule au monde à passer par là, fait du bien. On se dit qu'on n'est pas "anormale". Elle ne m'a pas donné de solution miracle, mais m'a aidé à réfléchir à mes priorités. Elle disait que pour elle-même, ces désagréments ont duré toute la grossesse, l'obligeant à arrêter son allaitement. Mais son enfant avait déjà 2 ans et demi. Dans mon cas, mon enfant n'avait qu'un an et demi. C'est jeune pour s'arrêter, pour une maman favorable à l'allaitement long.
Suite à cet entretien téléphonique, j'ai pu prendre des décisions pour la suite:
- quel que soit le degré de désagrément, de douleur,... je ne pouvais pas envisager un sevrage brutal. Je devais donc me faire à l'idée de continuer encore.
- je n'étais pas obligée de continuer à donner 3 tétées par jour. Je pouvais diminuer s'il l'acceptait et compléter ses besoins en calcium,... par des produits adaptés.
- Je visais de l'allaiter jusqu'à 2 ans minimum car cela correspond aux recommandations de l'OMS. Mais j'allais devoir accepter de revoir mes objectifs pour la raison suivante: je ne prenais tellement plus de plaisir à allaiter que l'idée de recommencer un allaitement avec un 2e enfant me rebutait. Mon grand aura 2 ans à peu près à la naissance du 2e. Je crois donc qu'il est nécessaire que je m'arrête un peu avant de recommencer avec le 2e pour pouvoir y reprendre goût.

Bizarrement, je ne sais pas si cet entretien téléphonique (ou ces décisions) ont créé un déclic psychologique ou si c'est indépendant (ce qui est sûr, c'était que c'était une réponse aux prières!), mais à partir de ce moment-là, les choses sont devenues plus faciles.
Les tétées étaient un tout petit peu moins désagréables ce qui me permettait de tenir jusqu'au bout de la tétée. Mon fils ne pleurait plus à la fin et de lui même, il recommençait à téter moins longtemps. Il retrouvait son tempérament agréable et les choses rentraient dans l'ordre petit à petit.
J'ai donc pu supprimer la tétée du goûter pour ne proposer le sein que matin et soir. Il n'a même pas semblé s'en rendre compte. Quelques semaines plus tard, il n'a plus demandé celle du soir.
Depuis environ 1 mois, je ne donne plus que celle du matin. Parfois, il oublie de la demander car il a hâte de passer à la suite du petit déjeuner. Alors je ne la donne que lorsqu'il la demande.
L'envie d'allaiter n'est pas revenue. Avant ma grossesse, je trouvais un réel épanouissement personnel dans l'allaitement. Maintenant, si je continue, c'est pour lui. Parce que j'ai la conviction que c'est bon pour lui.
C'est peut-être mieux comme ça, car sinon, peut-être que ç'aurait été dur pour moi de m'arrêter.
On verra comment se passera la suite. Je découvre au jour le jour. Il se peut que ce soit bientôt la fin de ce premier allaitement, mais je suis contente d'avoir pu lui donner mon lait pendant ces 20 mois. Et j'espère que l'envie d'allaiter reviendra pour mon 2e enfant.

En tout cas, il y a certains paramètres que j'ai découverts "à l'usage" et que je voudrais transmettre aux mamans qui comment moi envisagent d'allaiter enceinte:
- Le déroulement de l'allaitement pendant la grossesse est quelque chose de très personnel et unique. Certaines femmes n'ont aucune sensation désagréable, certaines ont même du lait jusqu'à l'accouchement. Pour d'autres, c'est plus difficile. On ne peut pas prévoir à l'avance comment ça se passera. C'est un peu comme l'accouchement. C'est bien de planifier ça de son mieux, de se lancer, mais ça demande un certain lâcher prise pour pouvoir s'adapter aux situations telles qu'elles se présenteront sans que cela crée en nous un sentiment de frustration.
- En cas de difficulté, il est important de se remettre en question pour savoir où l'on va. L'enfant sent si nous sommes sûres de nous où si nous sommes dépassées ou frustrée par les événements et cela ressort dans son attitude.
- Il ne faut pas avoir honte d'appeler à l'aide. Ce n'est pas une preuve d'échec, mais ça peut éviter un échec. Et parfois, le simple fait de se sentir compris et soutenu peut nous donner la force de traverser les difficultés.


Commentaires

  1. Bonjour,
    Je découvre ton blog et c'est vraiment une mine d'information sur la maternité entre autre !
    Merci pour le partage de ton expérience, je ne manquerai pas d'y revenir !

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    1. Bonjour Ludivine,
      Merci beaucoup pour ton commentaire, ça me fait plaisir que ma courte expérience de la maternité puisse servir à d'autres mamans !

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