gérer le comportement de nos enfants

Lorsque j'ai commencé à enseigner, je me posais des millions de questions au sujet de la gestion de classe. Je cherchais et demandais autour de moi aux formateurs et aux autres instit, leurs méthodes et leurs "trucs" car je n'ai jamais eu de "cours de gestion de classe". Et pour cause, j'ai découvert que la gestion de classe n'est pas vraiment enseignée, qu'il n'y a pas de méthode, que chacun a ses propres "trucs" qui marchent avec certains enseignants et pas avec d'autres.
A l'IUFM, on m'avait seulement enseigné qu'il y a 3 types d'autorité: l'autorité liée au statut d'adulte, l'autorité liée au savoir professionnel (les enfants respecteront un enseignant s'il peut les convaincre qu'il a des choses à leur apprendre) et l'autorité naturelle dégagée par la personne. Qu'il fallait s'appuyer sur ces 3 choses-là pour gérer sa classe.



Tout ça me paraissait tellement théorique! Mais en pratique, je n'étais pas bien avancée, et comme tout le monde, j'ai appris sur le tas. Disons plutôt que j'ai commencé à apprendre car je n'ai enseigné que 2 ans et demi. J'ai fait beaucoup de remplacements, et en m'y prenant de la même façon, dans certaines classes, ça se passait bien, et dans d'autres, moins bien. J'ai découvert que mes exigences ne pouvaient pas être les mêmes avec toutes les classes (par exemple, dans certaines classes, je ne pouvais pas punir pour un gros mot sinon j'aurais distribué des dizaines de punitions par jour à tous les élèves de la classe).
Lors de ma deuxième année, j'ai eu ma classe pour toute l'année. Une très bonne classe avec laquelle ça se passait très bien. Cela m'a permis de réfléchir de façon moins théorique et plus pratique à ce que je pensais devoir faire ou ne pas faire pour gérer une classe, et sur ce que devaient être mes exigences.

J'ai essayé d'ordonner sous forme de tableau mes "réactions idéales" face à certains comportements et je pense que je pourrai m'appuyer dessus aussi pour la gestion de mes propres enfants en famille.

Je crois que ce tableau est amené à évoluer au fil de mes réflexions et de mon apprentissage, je crois aussi qu'il est personnel et que face à certains comportements, tout le monde ne pensera pas devoir réagir de la même façon.

Quoi qu'il en soit, je vous livre ce tableau afin qu'il puisse alimenter aussi votre propre réflexion:







Ce que je dois sanctionner sévèrement

Ce que je dois réprimander


(voire sanctionner dans certains cas, notamment si cela se reproduit trop souvent)

Ce que je dois décourager
- l'insolence, la révolte
- le manque de respect (personnes, animaux, matériel,...)
- la désobéissance, le mensonge
- le vol (+ la triche)
- la méchanceté (en actions et en paroles)
- la cruauté (personnes, animaux,...)
- les paroles grossières
- la négligence
- la paresse
- la moquerie
- la dénonciation
-les paroles méchantes, la calomnie
- certaines formes d'égoïsme (ex: se servir copieusement sans penser aux autres,...)
- l’orgueil

- certaines formes d’égoïsme (refus de partager, de prêter, de donner)
- l’individualisme
- la convoitise
- le gaspillage
- l’action irréfléchie (ou la parole)
- l'esprit de dispute
Ce que je dois récompenser
Ce que je dois féliciter
Ce que je dois encourager
- la persévérance

- l’effort qui coûte particulièrement
- la propreté (sur soi et autour de soi)
- le travail sérieux









- l'effort

- l’organisation
- le soin (dans ce que l’on fait)
- le progrès
- la bonne volonté
- la réussite







- l’humilité

- l’esprit de service
- l’amour des autres
- la gentillesse
- terminer ce qui a été commencé (faire les choses jusqu’au bout)
- la générosité
- le respect (personnes, animaux, objets)
- l’économie
- la réflexion avant l’action
- l’entr’aide
- la foi, la confiance
- l’autonomie
- l’initiative
- la concentration

Quelques remarques sur ce tableau:

- Il ne s'agit pas ici de classer ces comportements négatifs par ordre de gravité, ni ces comportements positifs par ordre de mérite.
Les comportements négatifs sont dus au péché qui est dans le coeur de l'homme et la convoitise est tout aussi condamnable que le vol aux yeux de Dieu (cf: les 10 commandements). D'ailleurs, il est dit dans 1 Samuel 15.23: "Car la désobéissance est aussi coupable que la divination, et la résistance ne l'est pas moins que l'idolâtrie et les théraphim".
Seulement, si nous sanctionnions sévèrement tous les comportements négatifs, nous passerions beaucoup de temps à sanctionner et notre sanction risquerait de perdre sa légitimité aux yeux de l'enfant. Il vaut mieux choisir un certain nombre de comportements que nous voulons à tout prix éviter que nos enfants développent comme priorité pour appliquer une sanction sévère. Cela peut aussi évoluer et varier en fonction de leur âge.
C'est ainsi que Dieu faisait avec le peuple d'Israël: il ne sanctionnait pas le vol de la même manière que le meurtre. Pourtant, les 2 sont dans la liste des 10 commandements.

- Il faut être très prudent avec les récompenses. Le principe des récompenses appelé aussi renforcement positif, est très utilisé dans les pédagogies behavioristes et c'est l'un des principes du dressage pour les animaux. Il est par contre condamné par les pédagogies constructivistes qui veulent que l'enfant travaille pour lui-même (motivation intrinsèque) et non pour une récompense ou pour faire plaisir à quelqu'un (motivation extrinsèque).
Les félicitations peuvent aussi constituer une sorte de récompense orale puisqu'elles mettent en valeur l'enfant (à ses propres yeux ou devant témoins), surtout si l'enfant est sensible aux paroles valorisantes. C'est à considérer au cas par cas, en fonction de ses convictions et de la personnalité de l'enfant.

- J'ai placé la réussite dans la case félicitations car la réussite est une récompense en elle-même. L'effort par contre, surtout s'il n'est pas couronné de réussite peut nécessiter d'être récompensé pour éviter le découragement et pour développer le sens de l'effort.

- Je ne peux m'empêcher de relever l'importance de l'exemple des parents (ainsi que des frères et soeurs) pour développer ou au contraire réprimer ces comportements. Par exemple, des parents dépensiers pourront difficilement encourager l'économie ou bien des parents grossiers ne pourront pas empêcher leurs enfants d'être eux-même grossiers.
On dit qu'on ne peut pas emmener les autres plus loin que là où nous sommes nous même arrivés. On ne peut pas exiger de nos enfants ce que nous ne sommes pas nous même capable de faire.

Voilà pour ces quelques pensées, bon remue-méninges et bonnes fêtes de fin d'année!

Commentaires